Semaine mondiale de l’allaitement, du 15 au 22 octobre 2017

Une semaine mondiale de l’allaitement : pourquoi, comment ?

Explication de la Coordination française pour l’allaitement maternel (CoFAM).

Le lait maternel apporte des substances qui sont nutritionnellement parfaites pour les bébés humains, et qui les protègent de maladies. Ce sont des éléments indispensables pour la croissance et le développement si rapide du cerveau et du système nerveux central du nourrisson. L’allaitement favorise également l’attachement mère-enfant, élément fondamental de l’élaboration de la personnalité comme des capacités d’apprentissage de l’enfant. Le lait maternel est un élément essentiel pour la sécurité alimentaire de tous les bébés dans le monde et c’est l’une des ressources naturelles et renouvelables les plus précieuses de la planète. Toutes les mères ont du lait, et c’est le seul aliment disponible pour les pauvres comme pour les riches.

Dans le domaine de l’éducation, il y a d’immenses bénéfices à améliorer les méthodes et les contenus éducatifs ; pourtant, l’importance de l’allaitement et du lait maternel n’est que rarement abordée, et ce à tous les niveaux. Les enseignants et éducateurs ne sont le plus souvent même pas conscients de cette omission.

A l’occasion de cette Semaine Mondiale de l’Allaitement Maternel (SMAM), WABA souhaite, dans chaque pays et à tous les niveaux, faire prendre conscience de l’importance de l’allaitement maternel, en particulier au niveau du développement de l’enfant. WABA estime que la question majeure de la nutrition infantile et des soins à l’enfant, en insistant sur l’acquisition de connaissances et de compétences qui soutiennent l’allaitement maternel dans tous les types d’enseignement, mérite l’attention à tous les niveaux formels et informels de l’éducation.

Ensemble protégeons l’allaitement, loin des conflits d’intérêts

En France, le taux d’allaitement à la sortie des maternités est parmi les plus faibles d’Europe : 70,5% des femmes initient un allaitement en maternité, quand les pays scandinaves ont des taux d’allaitement exclusif avoisinant les 90 %. Ce taux baisse très rapidement : il passe à 35 % dès un mois, chute à 10% à trois mois et n’est plus que de 1,5 % à 6 mois (taux que l’OMS appelle à porter à au moins 50% partout dans le monde).

Le rapport entre l’allaitement et les conflits d’intérêt peut sembler énigmatique à bon nombre de personnes, et pourtant il est au cœur du problème. C’est pourquoi le thème    de cette semaine mondiale est

Le concept de conflit d’intérêt commence à être connu à la suite de scandales autour des médicaments. Dans le milieu de la nutrition, on en identifie de plus en plus. Concernant l’allaitement maternel, les conflits d’intérêts peinent encore à être dénoncés. Ils n’en sont pas moins alarmants.

Les marques de lait artificiel assurent des revenus substantiels à nombre d’événements médicaux ou de formation de professionnels et il est illusoire d’imaginer que la contre partie de ces présents ne nuira pas à la promotion et au soutien de l’allaitement. Le marketing auprès du grand public ou des professionnels de santé est une opération bien rodée, efficace et rentable.

Il est important de réaliser que le marketing impacte directement la qualité de l’information accessible aux parents et aux professionnels et oriente la décision de soutenir, d’initier ou de poursuivre un allaitement.

Il ne peut y avoir de réel soutien à l’allaitement maternel que si les personnels de santé sont correctement formés. Il est crucial d’informer loyalement, de soutenir et de respecter les projets de chacun, loin des injonctions.

Pour ce faire Il faut des moyens financiers, du temps dédié rémunéré, or le budget attribué à l’allaitement est dérisoire, malgré le nombre de familles concernées et l’enjeu de santé publique conséquent que cela représente.

Les budgets communication d’une association d’intérêt général telle que la nôtre sont sans commune mesure avec ceux des industriels.

Il existe un « Code international de commercialisation des substituts du lait maternel » qui vise à protéger tous les bébés –allaités ou non– et les parents de la communication et des pratiques des firmes industrielles. Ce Code pose des règles, mais si ces règles ne sont pas reprises dans les législations nationales, leur irrespect n’est que très difficilement sanctionné.

Dans des situations de précarité et d’urgence le manque de soutien à l’allaitement peut avoir des conséquences encore plus graves. Aujourd’hui en France, certains enfants souffrent de faim. Des recommandations internationales existent en situation d’urgence, parmi lesquelles le fait de ne pas distribuer de préparations aux femmes si on n’est pas certain de l’approvisionnement ultérieur en lait en poudre.

Il est indispensable de diffuser à tous des informations loyales qui seules permettent des choix éclairés.

La CoFAM réaffirme que ce n’est pas aux industriels de dicter leurs lois aux professionnels de santé, aux médias et aux populations. Il faut changer de paradigme, comprendre à qui profite le non-allaitement et protéger les familles de pratiques commerciales déloyales nuisibles à la santé publique et à l’autonomie des personnes.

Communiqué de presse de la CoFAM dans le cadre de la semaine mondiale de l’allaitement maternelle